Droits d'initiation =================== Au cours de la campagne électorale, le président Bush des États-Unis a promis notamment que dans le contexte de son plan de réforme des services sociaux, son administration dépenserait au moins autant d'argent pour convaincre les adolescents de pratiquer l'abstinence sexuelle avant le mariage qu'elle en investirait dans les programmes de conseil sur la contraception1. Cette nouvelle possibilité de financement (c'est ainsi qu'on l'a appelée) de l'éducation sexuelle, qui est presque muette au sujet des condoms, offre une certaine parité (c'est aussi ainsi qu'on l'a appelée) pour ceux qui ne sont pas disposés à séparer les mœurs des objectifs de la santé publique. L'effet que cette voie étroite vers la réduction des préjudices aura sur le bien-être des adolescents américains – et des adolescentes en particulier – reste à voir. Selon l'ancien Chirurgien général des États-Unis, David Satcher, qui résiste à cette démarche, rien ne prouve que ce message d'abstinence ait un effet sur l'âge de l'initiation à la sexualité, mais il semble que «la diffusion d'information sur la contraception n'augmente pas l'activité sexuelle2». Le contexte de la sexualité est plus vaste que celui de la biologie, et plus étendu que celui de la morale. Il est aussi culturel, politique et économique. Une jeune femme peut pratiquer l'abstinence ou insister pour utiliser un condom seulement lorsqu'elle peut comprendre et qu'elle a le pouvoir de le faire. Les deux sont difficiles pour une travailleuse du sexe âgée de 13 ans au Cambodge, pour une adolescente de 14 ans de la Namibie qui croit que le VIH est transmis par les moustiques, ou pour une jeune femme de 15 ans du Nunavut pour qui la maternité précoce est un moyen d'établir son identité sociale3. Comme Jennifer Kitts et Katherine McDonald en discutent dans ce numéro4 (page 1155), l'accès aux conseils sur la contraception et aux services dans ce domaine est une question non seulement de contexte, mais aussi de droits. Toute tentative des États-Unis et d'autres intervenants d'imposer leur programme politique conservateur aux résultats de la séance spéciale des Nations Unies sur les enfants ce mois-ci est non seulement irréaliste, mais répréhensible. Quelle est toutefois la situation en ce qui concerne la promotion de la santé sexuelle et génésique chez les adolescents du Canada? Près de la moitié des jeunes Canadiens de 15 à 19 ans sont actifs sexuellement et, sur ce total, 51 % des filles et 26 % des garçons déclarent avoir des relations sexuelles sans condom5. Les taux déclarés de chlamydia chez les adolescentes sont neuf fois plus élevés que le taux national6. Chaque jour, 115 adolescentes canadiennes de 15 à 19 ans deviennent enceintes et 50 % de ces grossesses se terminent par un avortement7. La grossesse chez les adolescentes est cinq fois plus répandue dans les ménages à faible revenu que dans ceux qui ont un revenu plus élevé7. Il pourrait être facile d'avoir l'impression que cette génération de jeunes branchés et avertis en savent plus sur la sexualité que ce n'est bon pour eux. Beaucoup de parents (et peut-être la plupart d'entre eux) sont d'avis que la prise de conscience de cette grande frontière est trop difficile à éviter pour leur enfant, et non pas trop difficile d'accès. Face à l'omniprésence de la sexualité dans les médias populaires, l'éducation fondée sur l'abstinence seulement pourrait reprendre sa place dans nos propres écoles publiques pour des raisons culturelles, religieuses ou politiques8. Raison d'autant plus importante pour que les médecins veillent à ce que leurs patients adolescents aient les renseignements dont ils ont besoin pour faire des choix éclairés sur leur propre santé sexuelle et génésique. — *JAMC* ## References 1. 1. Stolberg SG. Abstinence-only initiative advancing. *New York Times* 2002; 28 février. 2. 2. Satcher D. *The Surgeon General's call to action to promote sexual health and responsible sexual behaviour*. Juillet 2001. Disponible à l'adresse : www .surgeongeneral.gov/library/sexualhealth/call.htm (consulté le 3 avril 2002). 3. 3. George J. Babies having babies: an explosion of infants born to teenage mothers. *Nunatisaq News* [Iqaluit] 19 mai 2000. Disponible à l'adresse : [www.nunatsiaq.com/archives/nunavut000531/nvt20519\_01.html](http://www.nunatsiaq.com/archives/nunavut000531/nvt20519_01.html) (consulté le 3 avril 2002). 4. 4. Kitts J, McDonald K. United Nations Special Session on Children: children's rights under attack. JAMC 2002;166(9):1155-7. [FREE Full Text](http://www.cmaj.ca/lookup/ijlink/YTozOntzOjQ6InBhdGgiO3M6MTQ6Ii9sb29rdXAvaWpsaW5rIjtzOjU6InF1ZXJ5IjthOjQ6e3M6ODoibGlua1R5cGUiO3M6NDoiRlVMTCI7czoxMToiam91cm5hbENvZGUiO3M6NDoiY21haiI7czo1OiJyZXNpZCI7czoxMDoiMTY2LzkvMTE1NSI7czo0OiJhdG9tIjtzOjIxOiIvY21hai8xNjYvOS8xMTI3LmF0b20iO31zOjg6ImZyYWdtZW50IjtzOjA6IiI7fQ==) 5. 5. Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. *Faits saillants sur les pratiques sexuelles et contraceptives au Québec et au Canada*. 2000; 20 juin 2000. Disponible à l'adresse : www .sogc .org /audeladuplaisir/faits.htm 6. 6. Santé Canada. *Compte rendu des consultations menées pour un cadre de référence en matière de santé sexuelle et génésique*. ch. 5. Ottawa : Santé Canada; 1999. Disponible à l'adresse : [www.hc-sc.gc.ca/hppb/hss/pubs/rapport/ch5.htm](http://www.hc-sc.gc.ca/hppb/hss/pubs/rapport/ch5.htm) (consulté le 3 avril 2002). 7. 7. Teenage pregnancy in Canada [fiche d'information]. Ottawa : Fédération pour le planning des naissances du Canada. Mise à jour en mars 2002. 8. 8. Wershler L. Good sex education tells kids the truth. Calgary Herald 2001; 13 juillet. Sect. A:15.