L'autonomie de la rédaction du JAMC ==================================== La crédibilité de tout journal réputé repose sur l'absence totale d'ingérence dans les décisions de la rédaction. La déclaration sur l'indépendance de la rédaction du Comité international des rédacteurs de revue médicale ([www.JAMC.ca/authors/policies.shtml](http://www.JAMC.ca/authors/policies.shtml)) se lit en partie comme il suit : Les propriétaires de journaux ne doivent pas intervenir dans l'évaluation, la sélection ou la révision d'articles, que ce soit directement ou en créant un environnement qui a une influence importante sur les décisions. Les rédacteurs et leurs organisations sont tenus d'appuyer le concept de la liberté de la rédaction et d'attirer sur les violations majeures de cette liberté l'attention des milieux médicaux, universitaires et autres intéressés. Nous avons une violation à signaler. Pendant la production du numéro du 6 décembre 2005, l'indépendance de la rédaction du journal a été compromise lorsqu'un dirigeant de l'AMC s'est opposé vivement à un article d'actualité que nous étions en train de préparer sur l'accès au lévonorgestrel d'urgence (Plan B) en vente libre1. Cette opposition découlait d'une plainte de l'Association des pharmaciens du Canada qui avait appris l'existence de l'article lorsque nos journalistes ont interviewé ses représentants. L'opposition de l'AMC a été communiquée aux rédacteurs du *JAMC*, ainsi qu'à notre éditeur, qui nous a ordonné par la suite de retenir l'article. L'opposition portait sur notre méthode de travail : dans le cadre du reportage, nous avions demandé à 13 femmes du Canada d'essayer d'acheter le Plan B dans une pharmacie de leur localité et de nous raconter ensuite leur expérience. L'AMC a mis en doute le caractère approprié de notre enquête et la ligne de démarcation entre le reportage d'actualité et la recherche scientifique. Notre reportage constituait toutefois non pas une recherche scientifique, mais du journalisme légitime. La modification du règlement en avril 2005 qui a fait passer le statut du Plan B de médicament d'ordonnance à celui de médicament en vente libre en a amélioré l'accès, mais on craint toujours que le coût, des questions liées à la protection de la vie privée et l'obligation de donner des conseils n'entravent toujours l'accès2. Des commissaires à la protection de la vie privée se penchent en fait actuellement sur la question de la vie privée3. Notre reportage visait à vérifier ces préoccupations et il était crucial de présenter l'expérience des patientes. Ce point de vue est disparu dans la version publiée. Nous étions d'avis qu'il fallait choisir entre retirer l'article au complet ou publier une version révisée négociée qui en contiendrait la majeure partie. Nous avons opté pour la dernière solution : les textes que nos lecteurs ont reçus ne contenaient pas les résultats de notre sondage informel, qui ont été dévoilés sans que ceux qui s'y opposaient aient lu le reportage. En dévoilant cet incident, nous voulions enclencher un processus qui garantirait l'indépendance future de la rédaction du journal. Les lecteurs s'attendent à ce que les rédacteurs du *JAMC* choisissent le contenu du journal sans ingérence et les auteurs s'attendent à ce qu'on juge leur travail sans tenir compte des intérêts de tiers. Les lecteurs et les médias qui comptent sur nos reportages doivent savoir que nos journa-listes ne sont pas censurés. En tant qu'organe sérieux de diffusion de connaissances scientifiques, de nouvelles et d'opinions, le *JAMC* ne peut éviter d'aborder des questions litigieuses. Il n'est pas inattendu que des tensions surgissent de temps à autre entre l'Association et le journal, car nous n'avons pas le même mandat. La question qui se pose est la suivante : Comment gérer la situation? Le journal n'est pas le porte-parole de l'AMC et les membres de l'AMC ne sont pas ses seuls lecteurs et contributeurs. Il a un rayonnement plus étendu et une plus grande responsabilité comme publication scientifique de calibre international critiquée par des pairs. Devant la toile de fond de ces tensions, on a créé, en 2002, le Comité de surveillance du Journal (CSJ) pour « aider à maintenir des relations harmonieuses entre le *JAMC* et l'AMC ». Depuis, le CSJ est intervenu comme intermédiaire en réponse à des plaintes au sujet du contenu du *JAMC*, mais il n'a pas réussi à convaincre le Conseil d'administration de l'AMC d'accepter totalement l'autonomie de la rédaction du *JAMC* dans le cadre de son engagement envers la qualité et l'intégrité du journal. En 2003, le CSJ a recommandé au Conseil d'administration de l'AMC que le journal contienne l'approbation suivante de l'indépendance de la rédaction : L'AMC protégera la liberté et l'indépendance de la rédaction du *JAMC* et est vouée à chercher continuellement à maintenir l'excellence du *JAMC* dans la science et l'art de la médecine et sa mission de défendre les idéaux de la profession médicale et de promouvoir la santé et le mieux-être de la population. Le Conseil d'administration de l'AMC n'a toujours pas approuvé cette déclaration. Il faut régler le problème de l'indépendance de la rédaction du *JAMC*. Nous avons créé un groupe consultatif pour étudier l'autonomie de la rédaction et la structure de gouvernance du *JAMC*. Présidé par Jerome Kassirer, professeur distingué à la Faculté de médecine de l'Université Tufts et ancien rédacteur en chef du *New England Journal of Medicine*, le Comité regroupe Donald Redelmeier, professeur de médecine à l'Université de Toronto, et André Picard, chroniqueur de la santé pour le *Globe and Mail*. Outre ces membres du conseil de rédaction du *JAMC*, le comité inclura aussi Frank Davidoff, éditeur émérite des *Annals of Internal Medicine*. Le comité présentera son rapport au Conseil de rédaction du *JAMC*. Nous le publierons peu après. — *JAMC* L'AMC a refusé l'invitation de présenter sa position. ## RÉFÉRENCES 1. 1. Eggertson L, Sibbald B. Privacy issues raised over Plan B : women asked for names, addresses, sexual history. JAMC 2005;173(12) :1435-6. [FREE Full Text](http://www.cmaj.ca/lookup/ijlink/YTozOntzOjQ6InBhdGgiO3M6MTQ6Ii9sb29rdXAvaWpsaW5rIjtzOjU6InF1ZXJ5IjthOjQ6e3M6ODoibGlua1R5cGUiO3M6NDoiRlVMTCI7czoxMToiam91cm5hbENvZGUiO3M6NDoiY21haiI7czo1OiJyZXNpZCI7czoxMToiMTczLzEyLzE0MzUiO3M6NDoiYXRvbSI7czoxOToiL2NtYWovMTc0LzEvMTEuYXRvbSI7fXM6ODoiZnJhZ21lbnQiO3M6MDoiIjt9) 2. 2. Sibbald B. Nonprescription status for emergency contraception. JAMC 2005;172(7) :861-2. [FREE Full Text](http://www.cmaj.ca/lookup/ijlink/YTozOntzOjQ6InBhdGgiO3M6MTQ6Ii9sb29rdXAvaWpsaW5rIjtzOjU6InF1ZXJ5IjthOjQ6e3M6ODoibGlua1R5cGUiO3M6NDoiRlVMTCI7czoxMToiam91cm5hbENvZGUiO3M6NDoiY21haiI7czo1OiJyZXNpZCI7czo5OiIxNzIvNy84NjEiO3M6NDoiYXRvbSI7czoxOToiL2NtYWovMTc0LzEvMTEuYXRvbSI7fXM6ODoiZnJhZ21lbnQiO3M6MDoiIjt9) 3. 3. Commissaire à l'information et à la protection de la vie privée / Ontario. Controversial morning-after pill screening form scrapped in Ontario [communiqué]. 7 décembre 2005.