Les cliniciens et les patients ont besoin de connaissances nettes et claires ============================================================================ * Sir J.A. Muir Gray L'eau propre a joué un rôle vital dans le contrôle de la propagation des maladies transmissibles qui ont ravagé l'Europe au XIXe et au XXe siècle. Ces maladies nuisent encore à la santé des populations des pays en développement. De nos jours, il est devenu évident que même dans des pays industrialisés comme le Canada, il est impossible de prévenir ou de freiner les épidémies du XXIe siècle même si nous avons accès à de l'eau propre. De solides données indiquent toutefois qu'il est possible de les contrôler en diffusant des connaissances nettes et claires. Idéalement, ces connaissances seront centralisées et rendues accessibles par une bibliothèque nationale de la santé. En appliquant nos connaissances tirées de la recherche, de l'expérience et de l'analyse de données, nous pouvons mini-miser ou prévenir plusieurs problèmes importants en soins de santé : • les erreurs; • les soins de santé de qualité médiocre; • les patients qui vivent des expériences négatives; • la diversité des politiques et des pratiques; • le gaspillage de ressources; • l'adoption excessivement enthousiaste d'interventions de faible valeur; • l'omission de mettre en pratique de nouvelles interventions de grande valeur. Non seulement les populations, les patients et les professionnels de la santé des pays industrialisés ont-ils besoin de connaissances claires, mais ils y ont aussi droit. L'ignorance est comme le choléra — l'individu ne peut le contrôler à lui seul. La lutte contre l'ignorance passe par les efforts orga-nisés de la société et peut être considérée comme une responsabilité en matière de santé publique. Pour fournir des connaissances nettes et claires, il faut commencer par les purifier. L'excellent travail de l'Unité de recherche sur l'informatique de la santé à l'Université McMaster (y compris les journaux factuels *ACP Journal Club*, *Evidence-based Medicine* et *Evidence-based Nursing*) et du Groupe de recherche Chalmers à Ottawa a démontré les lacunes du système d'examen par les pairs. Des mesures s'imposent pour réduire les erreurs résultant de la partialité et du hasard dans les publications scientifiques. Il faut rendre ces connaissances de qualité assurée accessibles par réseau aux personnes qui peuvent les utiliser. De plus, comme pour l'eau, il peut être nécessaire de pomper vigoureusement les connaissances pour qu'elles atteignent les personnes qui peuvent les utiliser. Il ne sert à rien de laisser l'eau stagner dans un réservoir en espérant que les gens s'y rendront y puiser avec leur seau. Une bibliothèque est un conduit de transmission du savoir qui garantit que l'information dûment formulée atteint les cliniciens et les patients lorsqu'ils en ont besoin. Les milieux de la santé du Canada ont donné énormément au monde par le travail qu'ils ont effectué afin de développer la bibliothéconomie et l'assurance de la qualité des connaissances cliniques. Le mouvement factuel — lancé et dirigé par David Sackett et qui se poursuit maintenant à Hamilton (avec Brian Haynes à l'Université McMaster) et à Toronto (avec Sharon Straus à l'Université de Toronto) — aide l'utilisateur des connaissances, qu'il s'agisse du patient ou du clinicien, à déterminer la meilleure façon d'appliquer ces connaissances au patient en cause. Pour qu'on puisse utiliser des connaissances claires, il faut toutefois qu'elles soient faciles d'accès. J'ai suivi avec admiration les progrès réalisés au Canada, depuis l'avènement de la médecine factuelle jusqu'à l'évolution de l'application des connaissances, et j'en ai bénéficié. Il m'a toujours semblé paradoxal que le Canada, pays à l'origine de tant de bon travail dans ces domaines, n'ait pas de bibliothèque nationale. Il n'y a pas d'édifice à construire : il suffit d'un réseau national utilisant les outils rendus disponibles par la révolution de la cybersanté. La création d'un Réseau national des bibliothèques pour la santé, proposée par l'Association des bibliothèques de la santé du Canada ([www.chla-absc.ca/nnlh](http://www.chla-absc.ca/nnlh)), donnerait un accès centralisé et coordonné à des connaissances factuelles à tous les prestateurs de soins de santé, chercheurs et décideurs qui, sans égard à l'endroit ou à l'établissement où ils se trouvent, pourraient aussi bénéficier de l'aide de bibliothécaires. Ce réseau exploitera des ressources et des réseaux existants1. Nous avons hâte de tirer des leçons d'une autre initiative canadienne. ## RÉFÉRENCE 1. 1. McGowan J, Straus SE, Tugwell P. Canada urgently needs a national network of libraries to access evidence. Healthc Q 2006;9:72-4, 4. [PubMed](http://www.cmaj.ca/lookup/external-ref?access_num=16640136&link_type=MED&atom=%2Fcmaj%2F175%2F2%2F131.atom)