Résumé
Christopher Patterson MD, John W. Feightner MD MSc, Angeles Garcia MD PhD,
G.-Y. Robin Hsiung MD MHSc, Christopher MacKnight MD MSc, A. Dessa Sadovnick PhD
Division of Geriatric Medicine (Patterson), McMaster University, Hamilton, Ont.; the Department of Family Medicine (Feightner), University of Western Ontario, London, Ont.; the Department of Medicine (Garcia), Queen’s University, Kingston, Ont.; the Departments of Medicine (Hsiung, Sadovnick) and Medical Genetics (Sadovnick), University of British Columbia, Vancouver, BC; and the Department of Medicine (MacKnight), Dalhousie University, Halifax, NS
Correspondance : Dr Christopher Patterson, Division of Geriatric Medicine, Chedoke Hospital, Hamilton Health Sciences, Sanatorium Rd., PO Box 2000, Hamilton ON L8N 3Z5; pattec{at}hhsc.ca
Contexte : Outre des facteurs de risque génétiques non modifiables, on a déterminé que des facteurs qui pourraient être modifiables, comme l’hypertension, l’hyperlipidémie et les expositions environnementales, constituent des facteurs de risque de maladie d’Alzheimer. Dans cet article, nous présentons aux médecins des conseils pratiques sur l’évaluation des risques et la prévention primaire de la maladie d’Alzheimer qui s’appuient sur les recommandations issues de la Troisième conférence canadienne de concertation sur le diagnostic et le traitement de la démence qui a eu lieu en mars 2006.
Méthodes : Nous avons élaboré des lignes directrices factuelles fondées sur des recensions systématiques des écrits et des critères précis de sélection d’études et d’évaluation de la qualité, ainsi qu’un processus décisionnel clair et transparent. Nous avons choisi des études publiées entre janvier 1996 et décembre 2005 qui satisfaisaient aux critères suivants : démence (toutes causes confondues, maladie d’Alzheimer ou démence vasculaire) comme résultat; étude de cohorte longitudinale; population étudiée reflétant de façon générale la démographie canadienne; facteurs de risque génétique et facteurs de risque généraux (p. ex., hypertension, éducation, occupation et exposition à des produits chimiques) déterminés. Nous avons coté la solidité des preuves en fonction des critères du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs.
Résultats : Sur 3424 articles traitant de facteurs de risque de démence possiblement modifiables, 1719 satisfaisaient à nos critères d’inclusion; 60 ont été jugés de qualité bonne ou moyenne. Sur 1721 articles traitant de facteurs de risque génétiques, 62 qui satisfaisaient à nos critères d’inclusion ont été jugés de qualité bonne ou moyenne. Compte tenu des données probantes tirées de ces articles, nous avons formulé des recommandations sur l’évaluation des risques et la prévention primaire de la maladie d’Alzheimer. Pour la prévention primaire de la maladie d’Alzheimer, de solides données appuient le contrôle de facteurs de risque vasculaire, et en particulier de l’hypertension (grade A), et des données faibles ou insuffisantes appuient la manipulation de facteurs des habitudes de vie et la prescription de médicaments (grade C). De bonnes données indiquent qu’il faut éviter les estrogènes et la vitamine E à forte dose (> 400 UI/j) à cette fin (grade E). On peut offrir des conseils et des tests génétiques aux sujets à risque qui ont un patrimoine dominant autosomique apparent (grade B). On ne recommande pas le dépistage du génotype de l’apolipoprotéine E chez les sujets asymptomatiques dans la population générale (grade E).
Interprétation : En dépit du fardeau que la démence impose à la personne et à la société, notre compréhension de la prédisposition génétique aux démences et de la contribution d’autres facteurs de risque demeure limitée. Plus important encore, il existe peu de données qui expliquent les risques et les avantages généraux de stratégies de prévention ou leur incidence sur la modification du risque.