Une femme de 23 ans a consulté aux urgences pour fièvre, céphalée, myalgie et épisodes fréquents de diarrhée aqueuse depuis la veille. Sa température était à 39,3°C, sa fréquence cardiaque à 132 battements/min et sa tension artérielle à 81/37 mm Hg. Elle présentait un état de conscience altéré. Ses résultats d’analyses de laboratoire étaient les suivants: numération leucocytaire 15,3 × 109/L (normale 3,0–8,5), numération plaquettaire 140 × 109/L (normale 150–361), taux de protéine C réactive 174 mg/L (normale 0–4), taux d’alanine aminotransférase 152 U/L (normale 4–35) et de créatinine 250 μmol/L (normale 53–106). Nous avons soupçonné une infection d’origine alimentaire parce que la patiente avait consommé des aliments périmés quelques jours avant l’apparition des symptômes et nous ne trouvions aucune autre source apparente d’infection. Nous avons commencé un traitement empirique par méropénème pour une septicémie présumée, avec réanimation hydrique agressive et soutien de la tension artérielle au moyen de noradrénaline.
Après l’admission, nous avons découvert que les règles de la patiente avaient débuté 3 jours avant son admission et qu’elle avait porté un tampon pendant une douzaine d’heures. Nous avons procédé à une culture vaginale. Peu après l’admission, un érythème rouge diffus est apparu au cou et aux bras de la patiente (figure 1A); à son arrivée, sa peau était normale. Sa numération plaquettaire avait transitoirement diminué à 70 × 109/L, mais lors des contrôles, ses autres analyses sanguines s’étaient normalisées. Sa tension artérielle s’est stabilisée et nous avons cessé la noradrénaline au jour 3. Les hémocultures et la culture de selles étaient négatives, mais la culture vaginale a révélé la présence de Staphylococcus aureus produisant la toxine 1 du syndrome de choc toxique (SCT). Au jour 7, la peau de ses doigts, de la paume de ses mains et de la plante de ses pieds a commencé à peler (figures 1B et 1C). Nous avons diagnostiqué un SCT menstruel. Au jour 4 de son hospitalisation, nous avons fait passer la patiente du méropénème à la céfazoline (1,5 g toutes les 6 h) à laquelle S. aureus était sensible et nous avons maintenu le traitement pendant une semaine. La patiente s’est entièrement rétablie et a obtenu son congé au jour 13.
Photographies d’une femme de 23 ans atteinte d’un syndrome de choc toxique menstruel. (A) Trois jours après le déclenchement de la maladie, un érythème rouge disséminé est apparu aux deux membres supérieurs. (B, C) Une desquamation s’est produite aux doigts et à la paume des mains de la patiente lorsque son état a commencé à s’améliorer.
Le syndrome de choc toxique est causé par des souches de S. aureus produisant des toxines spécifiques et se caractérise par de la fièvre, de l’hypotension et une dysfonction pluriorganique, en plus d’un érythème et de desquamation en cours de rétablissement1. Il est associé à des infections staphylococciques survenant durant les règles, mais peut aussi être lié à la chirurgie, à l’accouchement et aux brûlures. Aux premiers stades du SCT, on amorce souvent une antibiothérapie empirique parce que le SCT est parfois difficile à distinguer de la septicémie. Toutefois, lorsque le SCT est confirmé, il faut envisager de passer à des anti-biotiques sensibles à l’agent causal ou à la clindamycine qui inhibe la production de toxines en bloquant les protéases2. Le SCT menstruel est une sous-catégorie de SCT définie par sa survenue au cours des 4 jours suivant le début des règles2. L’incidence du SCT menstruel est estimée à 0,5–1,0 par 100 000 de population3, ce qui correspond à environ la moitié des cas de SCT déclarés.
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Footnotes
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
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Les auteurs ont obtenu le consentement de la patiente.
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