Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.230722; voir l’article connexe (en anglais) ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.230366
Pendant ma grossesse, on m’a posé une sonde de néphrostomie en raison d’un calcul rénal coincé. Le médecin m’a expliqué que je devrais subir une lithotritie après mon accouchement.
Quand on m’a appelée pour planifier la lithotritie, j’avais accouché 6 semaines plus tôt, j’allaitais, et je ne tirais pas mon lait. Comme la première plage de la journée était libre, j’ai demandé d’avoir ma lithotritie à ce moment, en me disant que la chirurgie risquait moins d’être repoussée. Ce n’était pas anodin pour moi, sachant que je ne pourrais plus rien ingérer après minuit.
Au moment de ma consultation préopératoire, j’avais demandé la permission d’emmener mon petit garçon afin de pouvoir l’allaiter juste avant l’intervention. On m’a répondu : « Oui, pas de problème ». Cependant, lorsque je suis arrivée à l’hôpital pour la chirurgie, je n’ai pas pu le garder avec moi et personne ne m’a expliqué pourquoi. Si j’avais insisté davantage, on m’aurait peut-être laissé garder mon bébé, mais je me suis dit que je devais suivre les règles et je n’ai pas voulu rendre la journée du personnel plus difficile que nécessaire. Je me suis tout de même sentie frustrée, car j’avais espéré pouvoir nourrir une dernière fois mon bébé avant l’intervention.
On m’a dit de me changer. J’ai expliqué que j’étais dans la période d’allaitement et que ma production de lait maternel n’était pas encore régulée. Bien vite, j’ai dû réclamer une autre blouse parce que j’étais trempée. L’infirmière et moi avons trouvé une solution pour limiter les dégâts et me permettre de conserver un tant soit peu de dignité. Elle était visiblement mal à l’aise. J’avais délibérément mis un soutien-gorge sans armatures pour éviter toute interférence avec l’électrocardiographe ou le défibrillateur, si les choses tournaient mal. Nous avons mis des tampons de gaze dans mon soutien-gorge pour absorber le lait, ce qui s’est avéré assez efficace.
Les anesthésiologistes m’ont informée que j’allais subir une anesthésie générale et m’ont demandé si j’avais des questions. J’ai voulu savoir si l’allaitement représenterait un risque après l’opération. Les personnes présentes n’avaient manifestement pas anticipé cette question.
Tout le monde se montrait prêt à m’aider lorsque je disais que j’allaitais, mais les gens étaient en mode réactif, plutôt que proactif. Personne, par exemple, ne m’a demandé si je tirais mon lait ou ne m’a conseillée sur la quantité à tirer. J’ai été absente de chez moi pendant environ 6 heures. Il est clair que j’aurais dû tirer mon lait, car mes seins étaient lourds et douloureux à mon retour à la maison. J’aurais aimé qu’on fasse preuve de plus de proactivité à mon égard. Le personnel hospitalier prend soin d’identifier les personnes qui souffrent d’allergies; pourrait-il faire de même pour les femmes qui allaitent afin qu’elles n’aient pas à le signaler lors de chaque interaction? Il peut nous arriver d’oublier d’en parler.
Le personnel hospitalier prend soin d’identifier les personnes qui souffrent d’allergies; pourrait-il faire de même pour les femmes qui allaitent?
Ma propre expérience a changé ma façon de penser en tant qu’infirmière. Avant, il ne me serait pas venu à l’esprit qu’une mère se présentant pour une chirurgie 6 semaines après son accouchement pourrait avoir une production de lait maternel non régulée et qu’il faudrait envisager une solution pour contenir les fuites. Je n’aurais pas non plus pensé qu’en cas de report de l’intervention, il serait bien que la patiente tire son lait avant la chirurgie. Si j’avais dû m’occuper d’une patiente intubée et sous sédation, je n’aurais pas eu le réflexe de me dire qu’il faudrait peut-être lui tirer son lait. Honnêtement, j’ai eu toute une prise de conscience.
Dans leurs propres mots présente des extraits d’entrevues entre le personnel du JAMC et des patients, des familles ou des médecins. Ils ont généralement pour objectif d’offrir des points de vue complémentaires et sont liés à un article présenté dans la section Pratique.
Footnotes
Cet article n’a pas été révisé par des pairs.
Nous avons obtenu le consentement de la personne concernée pour présenter ce point de vue.
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