Lorsqu'il est question de fin de semaine, d'été et de sexe, la plupart des gens préfèrent que ce soit long. Dans le cas de l'accouchement, de la visite chez le dentiste et de la circulation à Toronto, nous souhaiterions que ça prenne moins de temps. La publication de résultats de recherche fait partie de la dernière catégorie : il n'y a rien de vertueux dans le retard.
On nous demande souvent combien il faut de temps pour publier des articles que nous recevons. En 2000, la rédaction a pris dans les 60 jours une première décision sur 60 % des communications scientifiques soumises à l'examen critique de pairs. Il faut un peu plus de temps pour passer sous presse : environ 5 mois après l'acceptation officielle. C'est pourquoi il n'est pas rare que la période de gestation rédactionnelle écoulée (impossible d'y résister!) entre l'arrivée d'un manus- crit et l'accouchement dure 8 mois.
Il y a plus important que l'impatience naturelle des auteurs : on affirme que la recherche sur la santé est importante pour la population et qu'il faut en diffuser les résultats rapidement. Pour répondre à cette critique (et jouant des coudes pour attirer des auteurs), des journaux médicaux ont commencé à offrir de publier rapidement des communications d'importance particulière. Le Lancet indique ses articles traités en accéléré par un petit oiseau rouge qui ressemble à une sterne. Le British Medical Journal, lui, utilise un symbole plutôt ironique : la bicyclette aux roues ovales.1 Même si nous sommes certains que les recherches n'ont pas toutes la même importance, nous sommes moins certains de pouvoir discerner de façon fiable celles qui méritent d'être traitées en accéléré, ou celles qui devraient avoir une véritable importance à long terme.
Cela ne nous dissuade toutefois pas d'essayer. Dans ce numéro (voir page 1133), nous publions notre premier candidat choisi pour le traitement en accéléré : un rapport sur un décalage important et croissant entre le premier diagnostic de cancer du sein et la première intervention chirurgicale au Québec.2 Entre 1992 et 1998, le retard s'est creusé de 37 %. Le Dr Nancy Mayo et ses coauteurs ont demandé qu'on traite rapidement leurs communications parce que les résultats de leur étude sont importants en soi et que les réductions du financement consacré aux soins de santé, et en particulier aux hôpitaux, pendant la période d'étude peuvent avoir allongé les périodes d'attente. Pendant ce temps, le ministre de la Santé envisageait d'autres changements budgétaires.
Nous avons reçu le manuscrit le 20 février. Les premiers commentaires à la suite de l'examen critique par les pairs nous sont parvenus le 1er mars et nous avons étudié la communication au cours de notre réunion hebdomadaire de la rédaction le 7 mars. On a demandé aux auteurs de réviser leur document en profondeur le 8 mars et ils ont réussi à nous renvoyer la version révisée à la date limite fixée au 12 mars. Nous avons accepté le document le 14 mars, révisé celui-ci le 15 mars pour l'envoyer chez l'imprimeur avec le reste du numéro le 23 mars. Il s'est écoulé à peine un peu plus de 3 semaines au total entre la présentation et l'acceptation et le document a été publié dans les 8 semaines.
Il faut un peu plus de temps que pour circuler à Toronto. (Même si nous avons entendu dire qu'un auteur a réussi à rédiger tout un document pendant qu'il circulait dans cette mégapole.) Nous espérons toutefois qu'en invoquant le rapide Mercure (dieu de l'éloquence, de l'habileté, du commerce, et de la rapine aussi, il faut bien l'avouer) comme messager de la science, nous aurons une chance de suivre la sterne au plumage improbable et la bicyclette qui ne roule pas rond.
On peut obtenir des renseignements sur la façon de demander le traitement en accéléré des manuscrits à la section «Écrire pour le JAMC», à l'adresse www.cma.ca/cmaj-f/author.htm.