Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.220649 Voir l’article connexe ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.211515-f
J’ai essayé plusieurs traitements par opioïdes injectables à dose ajustable, et aucun n’a marché, alors quand le programme sur le fentanyl en poudre est arrivé, je me suis dit que j’allais tenter le coup. Jusqu’à maintenant, ça semble assez bien fonctionner. Ça fait environ 2 mois que j’ai commencé.
On peut recourir au programme SAFER (pour Safer Alternatives for Emergency Response, soit « solutions de rechange sûres en réponse à une situation d’urgence ») jusqu’à 4 fois par jour. Parfois, je me présente 2 fois au centre, mais il m’arrive aussi d’y aller 4 fois. C’est seulement la nuit que je consomme en dehors du programme, car le centre ferme à 16 h, et le fentanyl n’est pas un médicament à action prolongée. Je prends également une dose assez forte de méthadone, mais ça ne fait pas effet aussi longtemps que ça devrait. Je la prends le matin, à 8 h, mais à 17 h, elle ne fait déjà plus effet, alors je dois souvent acheter quelque chose avant de me coucher. Une fois que le programme d’achat SAFER sera commencé, j’espère que je pourrai acheter quelque chose pour la soirée, comme ça je n’aurai plus à me procurer des produits dans la rue. Ils vont vendre des microdoses (0,1 g) à 10 $ pour consommation à domicile1, alors je n’aurai pas les mains vides à la fermeture du centre.
Ma vie est plus structurée, maintenant. Essayer de survivre avec des drogues de rue, ce n’est pas idéal. C’est beaucoup plus facile d’avoir une prescription; je peux me présenter quand je veux et je sais que c’est sûr. Je veux dire, moins risqué. Le problème avec les drogues illicites, c’est la qualité. On ne sait jamais ce qu’ils mettent là-dedans. Il y a beaucoup de benzo dans le fentanyl, de nos jours. Les gens perdent connaissance, des choses comme ça. Ici, je sais exactement ce qu’on me donne, et je sais que c’est fait par une pharmacie, pas par un inconnu.
Je connais bien les membres du personnel infirmier et médical, ici. Je suis assez ouvert avec eux — je leur dis tout ce que je veux qu’ils sachent. Ils sont tous spécialisés en problèmes de dépendance, alors ils ont beaucoup d’expérience auprès de personnes qui consomment des drogues. Ils ne sont pas là pour nous stigmatiser.
SAFER, c’est exactement ce qu’il nous fallait. Je ne pensais pas que je verrais un tel programme de mon vivant. Avec la crise du fentanyl, les gens meurent partout, dans tous les coins du pays, en particulier en Colombie-Britannique et à Vancouver. Là d’où je viens, la situation est assez difficile, mais ici, des gens meurent tous les jours. J’ai des amis qui sont morts. — Client de SAFER
Dans leurs propres mots présente des extraits d’entrevues entre le personnel du JAMC et des patients, des familles ou des médecins. Ils ont généralement pour objectif d’offrir des points de vue complémentaires et sont liés à un article présenté dans la section Pratique.
Footnotes
Cet article n’a pas été révisé par des pairs.
Nous avons obtenu le consentement des personnes concernées pour présenter ces points de vue.
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