Un homme de 59 ans a consulté aux urgences pour un érythème cutané extrêmement douloureux accompagné de papules, d’ulcérations, de croûtes et d’une lymphadénopathie axillaire, présent depuis 1 mois. L’érythème s’étendait de son aisselle droite à sa ligne médiane, le long des dermatomes T3 et T4 (figure 1). Il avait été traité sans succès au moyen d’un cycle long d’acyclovir oral et de céfalexine pour ce que l’on croyait être un zona surinfecté. Ses antécédents médicaux étaient sans particularité, à l’exception de l’amputation de l’annulaire droit 6 mois auparavant pour un carcinome épidermoïde cutané qui avait envahi sa phalange distale. Il était immunocompétent et avait subi une tomographie par émission de positrons du corps entier 1 mois avant l’apparition de l’érythème, sans résultat anormal.
Photographie d’un homme de 59 ans atteint d’un carcinome épidermoïde cutané métastatique, montrant un érythème accompagné de papules et d’ulcérations distribuées le long des dermatomes T3 et T4.
Nous avons prélevé un échantillon de lésion cutanée par biopsie, et l’examen anatomopathologique a révélé la présence d’un carcinome épidermoïde mal différencié, avec envahissement périneural et infiltration des tissus sous-cutanés. Nous avons posé un diagnostic de carcinome épidermoïde cutané métastatique zostériforme et avons envoyé le patient en chimiothérapie et en radiothérapie palliatives. Il est décédé 1 mois plus tard, à la suite de la progression fulgurante de son cancer.
Les carcinomes épidermoïdes cutanés sont habituellement traités par exérèse chirurgicale et moins de 4 % deviennent métastatiques1. Les facteurs de risque à l’égard de la maladie métastatique sont : sexe masculin, faible statut socioéconomique, immunosuppression et âge supérieur à 80 ans1. Un diamètre tumoral de plus de 2,0 cm, l’envahissement au-delà des graisses sous-cutanées, l’envahissement périneural, l’érosion osseuse, le sous-type desmoplastique et la piètre différenciation tumorale sont associés à une propagation lymphatique et à des métastases distales2.
Le zona, ou herpès zoster, se manifeste souvent par un érythème extrêmement sensible au niveau de certains dermatomes, avec des vésicules regroupées sur un fond érythémateux, et peut durer 3–4 semaines. Un carcinome épidermoïde cutané métastatique zostériforme peut ressembler étroitement au zona et est également extrêmement douloureux. Il est rare et survient probablement par propagation lymphangitique rétrograde des cellules tumorales; le pronostic est extrêmement sombre3–6. Le diagnostic repose sur un fort degré de suspicion chez les patients qui ont des antécédents de cancer de la peau ou d’autres cancers et qui manifestent un érythème de type zostérien réfractaire aux antiviraux4,5.
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Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.210551
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