Une jeune fille de 12 ans, immigrée de Syrie 7 mois auparavant, s’est présentée chez son médecin traitant avec un antécédent de papules indolores à la main droite — papules dont la taille a augmenté sur une période de 6 mois et qui se sont éventuellement ulcérées. Soupçonnant une dermatite atopique surinfectée, on a administré des corticostéroïdes topiques, de la mupirocine ainsi que du triméthoprime en association avec du sulfaméthoxazole par voie orale, mais l’état de sa main ne s’est pas amélioré au cours des 2 mois qui suivirent. Lorsque nous l’avons examinée à la clinique des maladies tropicales, elle était afébrile et se portait bien d’un point de vue systémique, mais présentait des plaques érythémateuses, de l’œdème, des ulcérations et une mobilité réduite à sa main droite (figure 1A).
(A) Des plaques érythémateuses squameuses et croûtées accompagnées d’œdème présentes sur les articulations interphalangiennes proximales des deuxième, quatrième et cinquième doigts de la main droite d’une jeune fille de 12 ans atteinte de leishmaniose cutanée, avec un ulcère se superposant à la lésion sur le quatrième doigt. (B) Réépithélialisation et guérison complètes des lésions accompagnées d’une hyperpigmentation postinflammatoire résiduelle après un suivi de 4 mois.
La coloration Giemsa d’un prélèvement de l’ulcère a révélé de nombreux amastigotes. La culture s’est révélée positive à la présence de bactéries de l’espèce Leishmania et une réaction en chaîne par polymérase (PCR) a ciblé la bactérie Leishmania tropica. Comme nous étions préoccupés par la mobilité fonctionnelle de la main de la patiente, nous lui avons prescrit, conformément à des lignes directrices locales, une thérapie systémique à l’amphotéricine B liposomale, qu’elle a bien tolérée. Quatre mois plus tard, dans le cadre d’un rendez-vous de suivi, on a observé la résorption de ses lésions (figure 1B) et le recouvrement de la mobilité de ses articulations.
La Leishmaniose cutanée est une infection protozoaire transmise pas les mouches des sables (phlebotomus) femelles. Cette maladie tropicale touche 700 000 à 1 million de nouvelles personnes annuellement1. Des ulcères qui ne guérissent pas chez des voyageurs et des migrants en provenance de régions endémiques, comme l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, le bassin méditerranéen, le Moyen-Orient et l’Asie centrale, devraient éveiller des soupçons envers la leishmaniose cutanée. Le manque de connaissances des médecins au sujet de l’acquisition de la leishmaniose cutanée, même lors de courts séjours à l’étranger, a historiquement mené à des retards de diagnostics2,3.
Les diagnostics différentiés comprennent des bactéries de la famille des Nocardia, des mycobactéries, des champignons endémiques, des vascularites, des néoplasies, des sarcoïdoses et du pyoderma gangrenosum. L’identification de parasites sur des frottis, des cultures d’histopathologie ou des tests PCR confirme le diagnostic4. Le type de bactérie Leishmania, une atteinte concomitante des muqueuses, la taille, le nombre et l’endroit où sont situées les lésions et le statut immunitaire de l’hôte sont des indices importants pour une prise en charge individualisée5. Le traitement peut être local (p. ex., des préparations de paromomycine, de la cryothérapie ou de l’hyperthermie) ou systémique (p. ex., des solutions antimoniales pentavalentes, de la miltéfosine, de l’azole et de l’amphotéricine B)6.
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Remerciements
Les auteurs souhaitent remercier M. Faheel Naeem d’avoir corrigé le manuscrit.
Footnotes
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